Thésée 1: Mission inaugurale by Aquilus_Decimus | World Anvil Manuscripts | World Anvil
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La Mission

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Cela faisait plusieurs semaines que le Thésée naviguait dans la froideur de l’Espace Sauvage Est. Rien de notable ne s’était déroulé depuis le départ, le temps commençait à être long pour tout le monde. En particulier pour le personnel non navigant qui devait s’occuper du mieux qu’ils pouvaient. Les scientifiques et techniciens possédaient généralement de nombreux projets à accomplir, mais les militaires n’avaient que le sport et la nourriture afin de passer le temps. Le commandant ne faisait pas exception.  

Bertinelli se rendit dans la salle de sport pour son entrainement quotidien. L’endroit était parfaitement bien équipé. Stand de tir en réalité augmenté, terrain de combat corps à corps permettant de lancer diverses simulations. Il s’échauffa durant quelques minutes avant de se mettre aux machines de musculation. Soulever de lourdes charges était parfait pour la relaxation. Après cela il irait sans doute s’entrainer au combat. De jeunes soldats étaient justement en plein entrainement. L’un d’eux interpella le commandant.
— Hé, commandant ça vous dirait de nous montrer de quoi vous êtes capable ? Un petit pari, ça vous tente ?
Bertinelli sourit. Il laissa tomber les haltères et se leva, bien déterminé à donner une leçon à ce sergent trop confiant.
— 200 drachmes à celui qui arrive à me mettre au sol. Et si je gagne, c’est vous qui me payez 200 chacun, proposa le commandant.
— Ah, oui quand même, soupira le sergent provocateur.
L’un de ses amis lui donna une tape du coude. « Trop tard pour se défiler maintenant, toi et ta grande gueule. »
Le commandant se mit au centre du tatami, les bras le long du corps, détendu. Les trois soldats se mirent en position de combat, prêts à attaquer. Une cloche retentit, signal du départ. Les trois jeunes soldats hurlèrent pour se donner de la force et foncèrent à l’assaut du commandant. Bertinelli fit un pas de côté, deux des soldats se rentrèrent dedans, ne maitrisant pas leur vitesse. Le troisième, reçut un coup de paume du commandant qui le fit chuter en dehors du tapis. L’un des deux se reprit et tenta de frapper le commandant avec un coup de poing. L’adroit officier para le coup avec son bras et en un rapide coup de pied fit chuter le soldat au sol.
— Protégez bien vos appuis, une bonne stabilité c’est la clé. Remarquez que je n’ai pas bougé de ma position depuis le début, conseilla le commandant.
Ce genre d’activité entre membres renforçait la cohésion. Et puis 600 drachmes, ce n’était pas rien.
Le dernier soldat, ne savait visiblement pas quoi faire face à la vitesse et la robustesse du commandant. Ses deux collègues étaient en dehors du cercle marqué par le tapis, signifiant qu’ils étaient hors jeux. Il ne restait donc plus que lui afin de récolter les précieux drachmes. Le commandant ne bougeait pas de sa position, au niveau de la marque centrale de l’arène. Il était calme, les bras croisés dans le dos. Le soldat était quand à lui bien plus tendu et nerveux. Il se décida alors à partir à l’assaut. Encore une fois, Bertinelli ne fit pas de quartiers. Il bloqua l’offensive avec son avant bras puis projeta au loin le soldat avec un coup de pied. Les trois prétendants étaient en dehors du tapis, le commandant avait gagné.
Rien de bien surprenant, Bertinelli était un expert du GI, un art martial olympien enseigné dans les Académies ARGOS. Ses adversaires manquaient encore d’expérience, mais avaient du potentiel. La matrise du commandant démontrait qu’il était sans aucun doutes le meilleur combattant du vaisseau.
— Il faut que vous soyez moins pressés, moins têtes brûlés. Vous avez laissés votre adrenaline parler. Dans un combat il faut attendre le bon moment pour frapper. Vous avez tentés de déclencher ce moment, mais j’étais mieux préparé que vous.
Tout en donnant ces conseils aux jeunes soldats, il les aida à se relever.
— Je m’étais jamais pris une aussi grosse raclée depuis ma première semaine à l’Académie, remarqua le sergent qui avait déclenché tout cela. Merci pour cette leçon commandant.

Un peu honteux de sa trop grande assurance d’il y a quelques minutes il se gratta le haut de la tête. Il prit ensuite son bloc de données afin de verser les 200 draches sur le compte du commandant.
— Allez manger un morceau au mess, c’est moi qui invite, déclara le commandant satisfait.

Bertinelli continua un peu ses exercices physiques avant de changer d’activité. Le stand de tir en réalité augmenté permettait de s’exercer efficacement sur des cibles simulées. Les constructions holographiques permettaient même de donner l’illusion de la distance. Le commandant pouvait alors utiliser son fusil de précision, alors que les cibles étaient techniquement à seulement quelques mètres de lui. Il y avait également la possibilité de plonger dans le Styx, un environnement virtuel immersif donnant l’illusion de la réalité. Peu à l’aise avec les technologies, le commandant préférait utiliser le simple stand de tir, même si les conditions n’étaient pas optimales.

Après l’exercice, rien de mieux qu’un bon repas. Le mess du Thésée était très apprécié, la qualité de la nourriture était un point très important pour ARGOS afin de stabiliser le moral des troupes. Les stocks de vivres étaient massifs afin de subvenir aux besoins de près de 1500 personnes. De nombreux ingrédients étaient déshydratés puis remis en état avant la consommation. Le procédé était souvent utilisé et conservait toutes les qualités des aliments, tout en économisant de la place. D’autres aliments étaient synthétisés et d’autres congelés. Les cuisines d’un vaisseau ARGOS étaient un véritable microcosme bouillonnant d’activité. Les cuisines du Thésée avaient le luxe de pouvoir satisfaire les préférences culinaires de chacun, ce qui n'était pas le cas dans tous les vaisseaus d'ARGOS.

Fidèle à ses racines italiennes, le commandant se servit une belle assiette de linguine aux tomates et parmesan. Et afin de contenter ses racines françaises il accompagna le plat d'un bon vin.

*

Après plusieurs jours suivant la même routine, le Thésée arrive enfin à destination. Sur le pont, les trois membres de l’escouade sont présents afin de récolter les dernières informations.

Le vaisseau sortit d’hyperespace, permettant d’afficher sur l’écran principal une vue de la planète.

— Les relevés de la sonde provenaient de l’orbite de cette planète. Analyse de la surface en cours. Rien de parti… euh… Ce n’est pas normal ça. La planète est une tellurique de petite taille, complètement déserte et invivable. Sauf en un seul point.

L’officier scientifique afficha les informations qu’il venait de récolter et désigna une région précise de la planète.

— Autour de ce point, il semble y avoir quelque chose qui rend la zone habitable. Je ne détecte pas de formes de vie animales, mais un très fort développement végétal. Bon sang, il y a même de l’oxygène. On pourrait y respirer sans casques.

— Hum, tout cela est un peu trop beau, conclut le capitaine Andersen. Mais il va tout de même falloir vérifier ce que c’est. Commandant, allez voir tout ça avec votre escouade. Mais soyez prudents, des choses peuvent se cacher sous la surface et être invisibles à nos scans.

L’escouade se mit immédiatement en route vers le hangar afin de prendre une navette et enquêter sur place. Ortega prit les commandes, Sigurdsonn avait avec lui tout un attirail d’appareils de mesure et Bertinelli avait son fusil d’assaut. En quelques minutes, la navette arriva en vue du point d’intérêt. Il n’y avait pas grande chose de visible dans la zone, de nombreuses plantes grimpantes ressemblant à du lierre parcouraient le sol. Mais une chose attira facilement l’attention de l’escouade. Au point de départ de ces lierres, un immense arbre trônait au milieu de la zone. Vu la facilité que l’escouade avait pour le voir depuis leur navette, il devait faire plus de 500 mètres de haut, un colosse végétal. Ortega posa la navette à quelques mètres de l’arbre afin de pouvoir l’analyser.

— C’est incroyable, constata Carl, les racines de cet arbre semblent se propager sur des centaines de kilomètres.

Il continua ses analyses en scannant plus attentivement l’étrange masse arboricole.

— Et… il produit une quantité phénoménale d’oxygène. Un peu trop d’azote pour que l’on puisse respirer sans gêne, mais c’est vivable. Cette arbre est en train de terraformer la planète.

Sur ce verdict étonnant, il se retourne vers ses équipiers. Ortega observait autour d’elle et attira l’attention des autres vers les lierres.

— Regardez, on les voit pousser.

En effet, la croissance du lierre était très rapide. L’on pouvait même percevoir ses mouvements, ondulant sous leurs pieds. Ortega et Sigurdsonn étaient émerveillés par ce qu’ils observaient. Cette mission était leur première sortie sur une planète inconnue, ils étaient naturellement excités par le frisson de l’aventure. Le commandant semblait de son côté bien moins enjoué par la situation. Il observait l’arbre avec insistance, semblant réfléchir à quelque chose, mais ses deux équipiers étaient trop distrait pour s’apercevoir de son inquiétude.

Escouade, remettez vite à bord de la navette, un séisme est en train de se déclarer et va frapper votre position. Dépêchez-vous de décoller.

Suite à cet avertissement du Thésée, la terre se mit à trembler violemment. Le son était assourdissant, le lierre multipliant les vibrations. Les trois membres de l’escouade se mirent à courir en direction de la navette et décollèrent en quelques secondes. En prenant de la hauteur, ils purent contempler l’ampleur du séisme. A plusieurs centaines de kilomètres de l’arbre, une faille était en train de se former, une montagne semblait s’effondrer.

— Thésée, tout va bien, nous sommes entiers. Ce qui n’est pas le cas de cette pauvre petite planète, c’est impressionnant, commenta Bertinelli.

Oui, on a une meilleure vue d’ici, vous… devriez voir depuis l’espace.

La navette continua sa trajectoire de retour vers le vaisseau et l’escouade comprit pourquoi l’officier de communications avait du mal à trouver ses mots. La montagne n’en était pas véritablement une. De la masse de roches grisâtres émergeait quatre pattes et une tête. La créature, dont la taille dépassait très facilement les dix kilomètres ressemblait à une tortue, la montagne représentant sa carapace. Tout son corps était couvert de roches à la manière de coquillage sur les baleines. Comme si une telle créature n’était pas assez impressionnante, elle se mit à flotter dans les airs et décrire une trajectoire de vol en direction de l’orbite de la planète.

La navette se dépêcha de rentrer à l’intérieur du Thésée, ne voulant pas croiser le plan de vol de la créature. L’équipe se rendit rapidement sur le pont afin d’en savoir plus sur la créature. L’officier scientifique fit le point de la situation.

— La créature est actuellement dans le vide spatial. Rien ne permet de déterminer de quelle façon elle peut voler ni respirer. Et encore moins comment une masse pareille peut se mouvoir aussi aisément. Elle ne semble pas avoir détectée notre présence et heureusement car elle fait plusieurs fois la taille du Thésée.

Installé dans son fauteuil, le capitaine Andersen était sans voix, de même que l’escouade de terrain et le reste de l’équipage sur le pont. Un léger signal sonore provenant du poste de communication brisa le silence.

— On capte un signal en provenance de la créature, je le passe sur les haut-parleurs.

Le son ne pouvait pas se propager dans le vide spatial, mais la créature émettait une sorte de chant de baleine à travers des ondes radio. Le son était apaisant, aucune agressivité ne s’en dégageait.

— Ce séjour à l’autre bout de la Galaxie valait les semaines de trajets, commenta Sigurdsonn totalement absorbé par ce qu’il voyait et entendait.

Malgré les nombreux voyages des équipages d’ARGOS, il était très rare de découvrir des espèces animales. Une rencontre pareille était alors extraordinaire.

Le poste de l’officier scientifique se mit à capter quelque chose d’autre. En lisant les résultats il resta quelques secondes stupéfait.

— La créature est en train de dégager un très fort taux de cosmonium. Supérieur à un passage en hyperespace.

L’écran du Thésée afficha de plus près le titan. En face d’elle, un nuage électrostatique était en train de se former. Brusquement le nuage se changea en une sorte de disque. Mais la vue à travers ce disque n’était pas la même que celle qui se trouvait juste derrière.

— Elle a créée un trou de ver, expliqua l’officier scientifique ne croyant pas ce qu’il voyait.

— Vous voulez dire qu’elle peut en quelque sorte se téléporter, demanda le capitaine.

— Oui, cela correspondrait aux données de la sonde. Mais créer un trou de ver n’est encore qu’un fantasme de nos meilleurs ingénieurs.

— Je confirme, c’est incroyable de voir ça, appuya Ortega.

Elle s’approcha de l’écran avant d’orienter la vision en direction du trou de ver.

— On peut même directement voir ce qui se trouve de l’autre côté, il n’y a pas de vortex, c’est directement une déchirure à travers l’espace-temps. C’est un véritable rêve.

Bertinelli s’approcha à son tour et agrandit l’image de la vision à travers le trou de ver.

— Cette planète que l’on voit de l’autre côté, c’est Égée. Capitaine, il faut que l’on traverse ce trou de ver. Il faut absolument que l’on suive cette créature.

— Hola, attendez commandant, je ne pense pas que ce soit prudent.

— Je n’ai pas le temps de vous expliquer mais c’est extrêmement important. La créature a un lien avec l’Alliance.

Le capitaine Andersen était étonné du culte du secret de la part de son commandant, mais il savait que cela devait être important.

— Le Thésée pourrait-il traverser sans danger, demanda-t-il à l’officier de navigation.

— J’ai lancé une sonde afin de vérifier, selon ses informations il n’y a que quelques perturbations statiques. Nos appareils de guidages et de communications risquent d’être hors services pendant quelques minutes. Mais au vu de la taille du trou de ver je peux nous faire traverser manuellement.

La Capitaine Andersen s’enfonça profondément dans son fauteuil. Depuis toujours il détestait ce qui avait trait aux téléportations. Il arrivait à tolérer l’existence de l’hyperespace mais pas du reste. Face au regard insistant de son commandant il autorisa la manœuvre.

Par mesure de sécurité il fit déclencher l’alerte orange, signifiant au reste de l’équipage de s’harnacher dans leurs quartiers ou leurs laboratoires. Le Thésée commença à pénétrer lentement à travers le trou de ver. Comme prévu, les appareils de navigations et de communications se désactivèrent. Les lumières du vaisseau se mirent également à scintiller au contact de l’énergie électrostatique environnante. Alors que la vaisseau venait de franchir totalement le trou de ver, celui ci commença à se réduire jusqu’à se refermer totalement.
Le Thésée venait de franchir plusieurs milliers d’années lumières en quelques secondes.

— Une fois que les appareils seront de nouveau opérationnels tentez de trouver la créature et suivez là. Commandant, je pense qu’il faut que nous ayons une petite discussion, ordonna le Capitaine.

— Oui, je vais tout vous expliquer. Ortega et Sigurdsonn, vous pouvez venir j’aimerais également vous mettre dans la confidence.

Les quatre officiers se dirigèrent vers le bureau du Capitaine afin d’entendre les explications du commandant. Il semblait inquiet depuis le retour de la planète.

— Je pense que cette créature n’est pas venue ici par hasard. Sur la planète de l’Espace Sauvage, nous y avons découvert un arbre. Et j’ai déjà vu un arbre de ce type, sur Égée. C’était il y a quelques années de cela, nous étions encore en pleine guerre, lorsque j’ai été choisi par le Conseil de l’Alliance pour participer à un projet d’entrainement. Certains des meilleurs soldats dans leurs domaines avaient été choisis. Nous étions une bonne dizaine à participer, dans le lot je ne connaissais qu'Agata, la fille de l’Amiral Malikai qui était ma partenaire au front. Nous avons subi une batterie de tests médicaux, physiques et intellectuels puis nous avons été envoyés sur Égée. Cette planète a la particularité de ne pas avoir de continents, seulement quelques rares archipels où des villes propices aux humaines se sont installés. Et de nombreuses régions ont été interdites d’accès, les Égéens les considèrent comme des sanctuaires et ne veulent pas les polluer par une quelconque activité. Les choses sont devenues alors très étranges lorsque nous avons été menés dans l’un de ses sanctuaires, par le grand prêtre d’Égée en personne.

« Il est la figure religieuse et philosophique principale de la culture égéenne et il ne fréquente presque jamais les humains. Nous avons été menés dans une lagune dominée par un arbre gigantesque. Proche de son immense tronc, dans l’eau, des sièges étaient taillés dans la pierre et on nous a demandés de nous y installer. Une fois dans l’eau, le prête nous a fait boire une infusion et nous a expliqué que la bénédiction de l’arbre pourrait nous toucher si notre coeur était suffisamment pur. Je vous avoue que sur le moment je ne comprenais pas ce qu’il voulait nous dire. Après une dizaine de minutes dans l’eau, nous avons pû en sortir et nous avons été hébergés dans des chalets sur l’île. Le lendemain j’ai commencé à ressentir… certaines choses. Le prêtre m’a alors que je venais d’être touché par l’arbre et qu’il me conférait certaines facultés. Rapidement, je me suis rendu compte qu’il disait vrai. Mes sens étaient décuplés, j’entendais mieux, je pouvais focaliser ma vue à la manière d’une lunette de fusil, c’était incroyable. Et ce n’était que le début. Je suis resté sur l’île pendant un peu plus d’une semaine, le temps de m’habituer à ces étranges capacités. Le grand prêtre ne voulait pas m’expliquer d’où cela provenait, à part la bénédiction de l’arbre, mais il me conseillait de méditer et de m’entrainer afin d’améliorer ma maitrise de ces dons. J’ai ensuite appris qu’Agata avait également développé ce genre de facultés. Là où les miennes faisait de moi un meilleur tireur d’élite et un meilleur traqueur, les siennes faisaient d’elles une combattante encore plus redoutable, décuplant son agilité et sa vitesse. Lorsqu’elle combattait, on avait l’impression qu’elle défiait la gravité. »

« Après cette étrange semaine, nous n’avons plus eu de nouvelles du grand prêtre. J’ignore si les autres membres de la cérémonie ont également reçu des dons. Dans tous les cas, la présence de cette créature ne peut être un hasard, elle a forcément un lien avec cet arbre et avec ces dons. J’imagine que vous comprenez maintenant mon insistance. »

— J’en étais sûre ! Déclara Ortega une fois l’histoire du commandant terminée. Enfin, non je ne pouvais pas me douter de tous les détails mais je savais que vos talents sur le terrain étaient irréalistes. La façon dont vous avez détecté les lézards sur Epsilon était incroyable. C’est grâce à ce don ?

— Oui, en plus de pouvoir décupler mes sens naturels quand je le désire, je possède une sorte de radar qui me permet de suivre ou détecter des présences. C’est assez difficile à expliquer, mais c’est en quelque sorte un sixième sens.

— Je me souviens de votre absence, c’est vrai qu’à votre retour vous étiez tous les deux très en forme. Je pensais que vous en aviez profité pour… euh… vous détendre, commenta le Capitaine.

— Notre commandant qui a des supers-pouvoirs… Quand on y réfléchit ce n’est pas si choquant de la part des Égéens. Il s’agit tout de même de méduses géantes communiquant par télépathie et construisant des villes par télékinésie. En tout cas ma thèse devient bien plus fade d’un seul coup, se lamenta Sigurdsonn.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Demanda Ortega, il faudrait suivre la créature non ?

— Oui, même si nos chances sont faibles nous pourrions comprendre comment elle ouvre des trous de vers en l’observant, suggéra Bertinelli.

Le groupe retourna sur le pont afin de passer à la suite. Les appareils étaient de nouveau en fonction, mais plus de signes de la créature. Les analyses indiquaient qu’un autre trou de ver avait été ouvert, elle était sans doute partie par là. La piste se refermait.

— Capitaine, j’aimerais me rendre sur Égée afin d’interroger les prêtres. Ils en savent sans doute plus sur la créature, ce n’est pas un hasard si nous sommes arrivés ici.

— Accordé commandant, pendant ce temps nous allons vérifier si tout est en état avant de repartir vers Agora. Notre mission touche à sa fin messieurs, déclara le Capitaine à l’adresse des officiers sur le pont.

La navette décolla et prit la direction de la station de surface d'Égée, l’aire d’arrivée principale pour les humains de l’Agora. Alors qu’ils étaient en pleine trajectoire de descente, Bertinelli reçut une notification. Une invitation de la part du Grand Prêtre d’Égée. Au niveau de l’aire d’atterrissage, plusieurs Égéens attendaient l’équipe du commandant.

— Antoine Bertinelli, Amanda Ortega et Carl Sigurdsonn, je vous prie de nous suivre le Grand Prêtre vous attend. Il est prêt à répondre à toutes vos questions.

Silencieusement, les trois humains suivirent les égéens jusqu’à un bureau. Le Grand Prêtre les y attendait et les invita à s’asseoir.

— Quand nous avons repéré les activités exceptionnelles dans notre ciel, j’ai su que vous viendriez me voir. Vous avez eu la chance de rencontrer une créature exceptionnelle mes amis.

— Quel est cette chose au juste ? Il y a un lien avec l’arbre du rituel n’est-ce pas ? Demanda Bertinelli avec un ton inquisiteur.

— Cette créature que vous avez vue fait partie d’une race ancestrale. Nous possédons ici d’anciennes croyances indiquant qu’elles permettent de développer la vie dans la Galaxie. Les arbres qui poussent après leur passage permettent l’installation d’une atmosphère puis de formes de vie. Un de ces titans réside dans les profondeurs d’Égée, d’autres vivaient certainement sur Terre et Olympus.

— Et le lien entre l’arbre et mes facultés ?

Bertinelli était bien plus calme, il était satisfait des réponses du Grand Prêtre, le culte du secret des Égéens ne semblait plus être si important à présent. Amanda et Carl étaient tous les deux fascinés par le discours du Prêtre. Ses informations étaient issues des croyances égéennes, mais leur expéditions sur la planète sauvage donnaient du crédit à tout cela.

— La Cérémonie à laquelle vous aviez participé avec votre amie est l’une des conséquences indirectes de la présence de notre Titan. L’archipel où se situe l’arbre est également là où il sommeille. Vos corps ont absorbé ce qui pourrait être comparable à des peaux mortes, vous donnant la possibilité de débloquer votre potentiel et acquérir ces prodigieuses facultés. Mais tout le monde ne possède pas la force mentale et spirituelle d’atteindre ce stade. C’est pourquoi une stricte sélection a lieue. Les conséquences pour une personne non apte seraient désastreuses pour son esprit et son corps.

L’idée de posséder en lui des poussières de tortue géante dégoûta Bertinelli, mais il comprenait mieux désormais.

— Évidemment, et c’est grâce à ce Titan que vous possédez vos capacités mentales, théorisa Sigurdsonn à l’adresse du Grand Prêtre.

— Oui, notre Titan a permis le développement prolongé d’une biodiversité riche et l’évolution de notre espèce bien plus loin que vos méduses terriennes.

Carl était émerveillé de ces nouvelles connaissances.

— C’est une mission de recherche afin de déterminer si quelque chose menaçait l’Alliance qui nous a menés jusqu’à cette rencontre. Il semblerait donc que nous n’ayons pas à nous inquiéter, constata le commandant.

— Le Haut-Conseil de l’Agora est en partie au courant pour les Titans. Vous pourrez les rassurer.

Le groupe prit congé du Grand Prêtre en le remerciant de ces éclaircissements. La mission du Thésée touchait donc à sa fin. La signature énergétique des soi-disant téléportations correspondait donc à la création des trous de vers. Maintenant connue, cette signature ne représentait donc plus un danger.

En seulement quelques jours, le Thésée fit le trajet jusqu’à Agora. Entre-temps, le vaisseau se rendit compte que la manœuvre de passage à travers le trou de ver avait duré six jours. La temporalité à proximité de tels phénomènes était chamboulée, l’équipage pouvait être heureux de n’avoir perdu que six jours. Malgré ce retard temporel, le gain du temps de trajet retour était tout de même énorme.

Le Thésée effectua son rapport de fin de mission à l’État-Major, satisfait du fait qu’aucune menace n’avait été détectée. L’équipage pouvait à présent profiter d’une permission bien méritée.

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